Clémence F. est product manager (manageur produit) et Gildas T. est Workstation Engineering Manager  (manageur postes de travail). La société pour laquelle ils travaillent tous deux, Openclassrooms.com, est une entreprise française à mission* dans le domaine de la formation professionnelle à distance. Créée en 2007, cette start-up connaît une croissance fulgurante et séduit chaque année quelque 300 000 étudiants à travers le monde, grâce à ses formations professionnalisantes en ligne.

Pour faire comprendre le large éventail des métiers du numérique dans son secteur d’activité, Gildas T. résume : « Pour faire très simple, il y a d’un côté les différents profils de créatifs qui conçoivent des contenus ou qui sont sur le devant de la scène et, de l’autre, il y a « derrière le rideau » les différents profils qui s’occupent de technique et qui font en sorte que les machines et les infrastructures soient opérationnelles. Je me situe dans cette seconde catégorie ».

Avant de devenir manageur, Gildas T. a franchi toutes les étapes dans différentes entreprises : technicien informatique, support utilisateurs, ingénieur systèmes… « Au fur et mesure des missions, j’ai pu prendre de plus en plus de hauteur par rapport à la technique et, aujourd’hui, j’occupe un poste de management, c’est-à-dire principalement de facilitation vis-à-vis de ceux qui ont les mains dans le cambouis. Parallèlement, je m’occupe de définir les axes stratégiques concernant les outils que l’on va fournir aux utilisateurs ».

Cela peut surprendre, mais lorsqu’on opte pour un métier technique, au cours de sa carrière on va consacrer beaucoup de temps aux personnes. « Les métiers de support sont d’abord des métiers de service, insiste Gildas. On se transforme en une sorte de héros du quotidien, avec l’envie de faciliter la vie des gens pour qu’ils puissent être excellents dans leur métier ». Maîtriser la technique est une chose, mais maîtriser le rapport entre l’utilisateur humain et la machine est encore plus important. « La plus grande qualité dans un métier de services c’est la paresse, s’amuse Gildas. En aidant l’utilisateur, mais surtout en le faisant progresser, on lui apprend à avoir moins de problèmes et à être plus autonome, donc à moins faire appel aux services supports ».

Clémence F. se préoccupe également beaucoup des utilisateurs. Mais lorsqu’elle emploie ce terme, à la différence de Gildas, elle ne désigne pas les utilisateurs internes (les collaborateurs de l’entreprise) mais les utilisateurs externes, c’est-à-dire les étudiants qui utilisent la plateforme pour trouver une formation s’inscrire et se former en ligne. « J’exerce mon métier de product manager sur un périmètre précis : celui de l’admission des candidats. Ma mission est d’améliorer ce processus afin qu’un candidat visitant le site effectue le plus facilement possible cette partie du parcours, trouve le cursus adapté et les financements, ou sinon puisse se réorienter ».

Pour faire ainsi progresser le produit et améliorer l’admission de candidats, Clémence ne cesse d’analyser toutes les données à sa disposition sur les comportements des visiteurs du site, ainsi que les besoins des autres parties prenantes (les équipes Admission, Ventes, Marketing ainsi que les équipes pédagogiques créant les formations et les responsables de certifications.). « C’est un métier très orienté datas (données) : pour améliorer notre impact, nous mesurons quantitativement les effets de tout changement dans les questions posées, les couleurs, les process… Nous adoptons aussi une approche plus qualitative à travers des questionnaires ou des interviews d’utilisateurs ». Un product manager ne perd jamais de vue ses tableaux de bord, mais il doit aussi faire preuve d’une grande capacité de prospective pour anticiper les usages futurs. Clémence souligne que sa mission se joue sur le long terme : « Il est essentiel que le produit reste cohérent avec la vision stratégique de l’entreprise ». Sa mission s’accomplit aussi en interaction avec tous les autres professionnels impliqués dans le développement du site : designers, développeurs, expert qualité...

Les multiples métiers liés aux numériques restent ouverts à des profils très différents. Parmi les qualités de base qu’il est toutefois nécessaire de cultiver pour tenter l’aventure, Gildas comme Clémence mettent particulièrement en avant l’esprit d’analyse. « Il faut d’abord avoir la capacité de dégager les problématiques principales et faire preuve de rigueur dans la mise en place des solutions », explique Gildas. « Il n’y a pas besoin d’être très fort en maths pour analyser les données et cerner les problèmes », se fait écho Clémence pour qui ce sont « les problèmes identifiés qui permettent de trouver les solutions ». Autre trait de caractère bienvenu dans les métiers du numérique : la curiosité. « Il faut être toujours en veille sur ses concurrents et ses confrères. Il y a beaucoup d’auto-formation dans ces métiers et le l'analyse concurrentielle est une pratique permanente que ce soit sur notre secteur (l'éducation) ou d'autres secteurs pour aller plus loin dans l'innovation», confirme Clémence. « Mieux vaut être convaincu que c’est un apprentissage à vie », conclut Gildas.

* Définie par la loi Pacte, une entreprise à mission est une société qui se donne statutairement une finalité d'ordre social ou environnemental en plus du but lucratif.